Ce soir, je regarde la télévision. Pas seulement ce soir, d’ailleurs. Car depuis que j’ai perdu ma femme il y a trois ans, cet écran noir m’accompagne. Ou plutôt, ma compagne. D’ailleurs pourquoi employer le terme de perdu ? Je n’ai rien égaré. Certes, ma femme est morte après cinquante-deux ans de vie commune. Mais elle est toujours présente. Je me suis nourri, j’ai grandi, j’ai respiré, je me suis construit d’elle. Elle est le ciment de ma maison, les os de mon squelette, la mémoire de ma vie. Elle fait partie de moi.
Ce soir, je regarde la télévision. Avant que mes enfants ne décident de m’offrir le dernier cri en la matière, j’avais mon téléviseur couleur qui m’offrait au moins l’illusion du volume. Cette grosse boite à laquelle j’étais attaché était pleine. Pleine de souvenirs. Aujourd’hui, c’est le vide. Je ne peux même plus parler de petit écran, il est devenu immense ! Et…plat. Comme ma vie.
Ce soir, je regarde la télévision. L’espace d’un instant je ris, je m’instruis, je prend partie, je fais partie. J’oublie. J’oublie que je suis vieux, j’oublie que je suis veuf, j’oublie mes erreurs, j’oublie mes regrets, j’oublie mes déceptions, j’oublie que j’aurai voulu faire tellement d’autres choses, j’oublie que j’ai peur. Peur de la fin.
Ce soir, je regarde la télévision. Mon sempiternel plateau repas est posé sur mes genoux. Il a remplacé la table conviviale de la salle à manger en bois massif. Il alimente mes cellules alors que l’écran plasma gave mon cerveau.
Ce soir, je regarde la télévision. Une chanson de mon enfance me trotte dans la tête : « 1,2,3 nous irons au bois, 4,5,6 cueillir des cerises, 7,8,9 dans un panier neuf…» Neuf ?
Ce soir, je regarde la télévision. L’image devient noire. Et si la fin n’était qu’un départ ?...
Ce soir, je regarde la télévision. Avant que mes enfants ne décident de m’offrir le dernier cri en la matière, j’avais mon téléviseur couleur qui m’offrait au moins l’illusion du volume. Cette grosse boite à laquelle j’étais attaché était pleine. Pleine de souvenirs. Aujourd’hui, c’est le vide. Je ne peux même plus parler de petit écran, il est devenu immense ! Et…plat. Comme ma vie.
Ce soir, je regarde la télévision. L’espace d’un instant je ris, je m’instruis, je prend partie, je fais partie. J’oublie. J’oublie que je suis vieux, j’oublie que je suis veuf, j’oublie mes erreurs, j’oublie mes regrets, j’oublie mes déceptions, j’oublie que j’aurai voulu faire tellement d’autres choses, j’oublie que j’ai peur. Peur de la fin.
Ce soir, je regarde la télévision. Mon sempiternel plateau repas est posé sur mes genoux. Il a remplacé la table conviviale de la salle à manger en bois massif. Il alimente mes cellules alors que l’écran plasma gave mon cerveau.
Ce soir, je regarde la télévision. Une chanson de mon enfance me trotte dans la tête : « 1,2,3 nous irons au bois, 4,5,6 cueillir des cerises, 7,8,9 dans un panier neuf…» Neuf ?
Ce soir, je regarde la télévision. L’image devient noire. Et si la fin n’était qu’un départ ?...