En rentrant chez moi, je trouve Domino enroulé sous la couette. Ses yeux endormis clignent quand je le prends dans mes bras.
− Bonsoir Dodo ! Viens là, j’ai besoin d’un câlin. Tu as faim ? Oh oui. Il a faim le Dodo. Grrrrr, grrrrr.
Pendant qu’il mange, je me fais couler un bain. J’attrape le livre posé sur la table de chevet et je me plonge dans l’eau chaude. La mousse parfumée sent la vanille et produit l’effet escompté. Je ferme les yeux et respire profondément. Puis, je repose ma tête en arrière et fais le vide dans mon esprit.
Malgré ce moment de relaxation, la phrase de Matéo résonne toujours dans ma tête : « pourquoi seulement maintenant ? »
Des années durant, j’ai modelé des gens nus, comme on dessine une nature morte ! Ils ne m’ont pas inspirée davantage qu’une coupe de fruits ! Ce constat m’ébranle sérieusement. Je réalise à quel point je me suis enfermée dans une tour de verre. Si le but était au départ de me protéger des mauvaises intentions, aujourd’hui ce garde du corps est trop hermétique. Coupée du monde, je m’interdis de capter les émotions qui m’entourent et de les faire miennes.
Je décide de me changer un peu les idées en continuant la lecture du roman du moment : « Fils d’alcool » de Cédric Sueur. Une histoire autobiographique relatant les années d’alcoolisme avec sa mère, un sujet qui me touche et dont je me sens proche.
Alors que j’aborde les pages où l’auteur chute à son tour, on sonne à la porte.
Persuadée qu’à cette heure avancée il ne peut s’agir que de ce mufle de Denis, j’enfile prestement mon peignoir et fonce vers l’entrée. Verte de colère, j’ouvre violemment la porte.
− Denis, tu es vraiment…
− Désolé, je vois que tu attendais quelqu’un d’autre !
− Ah, c’est toi !
− Ben, ouais.
− Mais, comment tu as su où j’habite ?
− En sortant de l’atelier, j’ai vu que tu marchais devant moi et puis tu as disparu parmi la foule. En sortant de la station de métro, tu es réapparue comme par miracle et j’y ai vu un signe du destin. Alors, après quelques minutes d’hésitation, me voilà !
− Mais, euh, alors… bégayé-je.
− Ne va pas croire que c’est un truc que j’ai l’habitude de faire ! C’est la première fois. J’aime bien être spontané. Pas toi ?
− Euh, c’est-à-dire…
− Au fait, je m’appelle Clément.
− Moi c’est Alexandra, mais tout le monde m’appelle Alex, répondis-je en lui tendant maladroitement la main.
− Oui, j’ai entendu ça au cours. Mais dis, tu m’invites à boire un café, parce qu’on se les gèle drôlement ce soir !
− Ah oui, bien sûr, excuse-moi ! Entre !
− Merci.
En entrant, il rabat délicatement le col de mon peignoir sur mon sein droit qui devait être un peu découvert, sans me regarder.
− Oh, j’étais justement dans mon bain, bafouillé-je. Je vais m’habiller pendant que l’eau chauffe. Assieds-toi !
− Tu es sûre ?
− Quoi ? Oui, bien entendu, mets-toi à l’aise !
− Non, je parlais de t’habiller !
− Je ne comprends pas ce que…
− Tu ne comprends pas ou tu préfères ne pas comprendre ? demande-t-il d’une voix douce tout en avançant vers moi.
Mal à l’aise et intimidée, je baisse les yeux. Mes joues brûlent et je m’entends prononcer des mots qui me semblent appartenir à une autre :
− C’est que, je n’ai pas l’habitude de…
− Je sais. Moi, si.
− Moi si quoi ?
− Moi, j’en ai l’habitude. C’est pour ça que je suis venu ce soir, et tu en as envie toi aussi.
Face à mon silence gêné, il poursuit en se rapprochant encore :
− Je vais même te dire davantage. Tu es à l’étroit dans ton costume-cravate trop étriqué.
− Ca se voit tant que ça ?
− Non, mais moi je l’ai tout de suite senti.
− C’est embarrassant cette situation.
− Pourquoi ? Le courant est passé entre nous et on a envie l’un de l’autre. Quoi de plus naturel ?
− Effectivement, vu sous cet angle…
− Entre nous, je n’ai pas besoin de te convaincre pour avoir une relation sexuelle, tu t’en doutes bien. Et d’ailleurs, toi aussi avec ton physique, tu peux avoir qui tu veux. Non, si je t’ai suivie, c’est que j’ai vraiment eu le feeling qu’on avait quelque chose à vivre ensemble.
− Moi aussi.
− Alors, qu’est-ce qui t’arrête ?
− La peur.
− Peur de quoi ?
− Je l’ignore.
C’est alors qu’il se colle à moi. Il passe ses mains autour de mon cou et me caresse les cheveux. Je sens sa respiration et mon cœur bat très vite. Nos regards se croisent et il murmure doucement :
− La peur aussi, on peut la mettre à nu. Et crois-moi, le nu, ça me connaît…
− Bonsoir Dodo ! Viens là, j’ai besoin d’un câlin. Tu as faim ? Oh oui. Il a faim le Dodo. Grrrrr, grrrrr.
Pendant qu’il mange, je me fais couler un bain. J’attrape le livre posé sur la table de chevet et je me plonge dans l’eau chaude. La mousse parfumée sent la vanille et produit l’effet escompté. Je ferme les yeux et respire profondément. Puis, je repose ma tête en arrière et fais le vide dans mon esprit.
Malgré ce moment de relaxation, la phrase de Matéo résonne toujours dans ma tête : « pourquoi seulement maintenant ? »
Des années durant, j’ai modelé des gens nus, comme on dessine une nature morte ! Ils ne m’ont pas inspirée davantage qu’une coupe de fruits ! Ce constat m’ébranle sérieusement. Je réalise à quel point je me suis enfermée dans une tour de verre. Si le but était au départ de me protéger des mauvaises intentions, aujourd’hui ce garde du corps est trop hermétique. Coupée du monde, je m’interdis de capter les émotions qui m’entourent et de les faire miennes.
Je décide de me changer un peu les idées en continuant la lecture du roman du moment : « Fils d’alcool » de Cédric Sueur. Une histoire autobiographique relatant les années d’alcoolisme avec sa mère, un sujet qui me touche et dont je me sens proche.
Alors que j’aborde les pages où l’auteur chute à son tour, on sonne à la porte.
Persuadée qu’à cette heure avancée il ne peut s’agir que de ce mufle de Denis, j’enfile prestement mon peignoir et fonce vers l’entrée. Verte de colère, j’ouvre violemment la porte.
− Denis, tu es vraiment…
− Désolé, je vois que tu attendais quelqu’un d’autre !
− Ah, c’est toi !
− Ben, ouais.
− Mais, comment tu as su où j’habite ?
− En sortant de l’atelier, j’ai vu que tu marchais devant moi et puis tu as disparu parmi la foule. En sortant de la station de métro, tu es réapparue comme par miracle et j’y ai vu un signe du destin. Alors, après quelques minutes d’hésitation, me voilà !
− Mais, euh, alors… bégayé-je.
− Ne va pas croire que c’est un truc que j’ai l’habitude de faire ! C’est la première fois. J’aime bien être spontané. Pas toi ?
− Euh, c’est-à-dire…
− Au fait, je m’appelle Clément.
− Moi c’est Alexandra, mais tout le monde m’appelle Alex, répondis-je en lui tendant maladroitement la main.
− Oui, j’ai entendu ça au cours. Mais dis, tu m’invites à boire un café, parce qu’on se les gèle drôlement ce soir !
− Ah oui, bien sûr, excuse-moi ! Entre !
− Merci.
En entrant, il rabat délicatement le col de mon peignoir sur mon sein droit qui devait être un peu découvert, sans me regarder.
− Oh, j’étais justement dans mon bain, bafouillé-je. Je vais m’habiller pendant que l’eau chauffe. Assieds-toi !
− Tu es sûre ?
− Quoi ? Oui, bien entendu, mets-toi à l’aise !
− Non, je parlais de t’habiller !
− Je ne comprends pas ce que…
− Tu ne comprends pas ou tu préfères ne pas comprendre ? demande-t-il d’une voix douce tout en avançant vers moi.
Mal à l’aise et intimidée, je baisse les yeux. Mes joues brûlent et je m’entends prononcer des mots qui me semblent appartenir à une autre :
− C’est que, je n’ai pas l’habitude de…
− Je sais. Moi, si.
− Moi si quoi ?
− Moi, j’en ai l’habitude. C’est pour ça que je suis venu ce soir, et tu en as envie toi aussi.
Face à mon silence gêné, il poursuit en se rapprochant encore :
− Je vais même te dire davantage. Tu es à l’étroit dans ton costume-cravate trop étriqué.
− Ca se voit tant que ça ?
− Non, mais moi je l’ai tout de suite senti.
− C’est embarrassant cette situation.
− Pourquoi ? Le courant est passé entre nous et on a envie l’un de l’autre. Quoi de plus naturel ?
− Effectivement, vu sous cet angle…
− Entre nous, je n’ai pas besoin de te convaincre pour avoir une relation sexuelle, tu t’en doutes bien. Et d’ailleurs, toi aussi avec ton physique, tu peux avoir qui tu veux. Non, si je t’ai suivie, c’est que j’ai vraiment eu le feeling qu’on avait quelque chose à vivre ensemble.
− Moi aussi.
− Alors, qu’est-ce qui t’arrête ?
− La peur.
− Peur de quoi ?
− Je l’ignore.
C’est alors qu’il se colle à moi. Il passe ses mains autour de mon cou et me caresse les cheveux. Je sens sa respiration et mon cœur bat très vite. Nos regards se croisent et il murmure doucement :
− La peur aussi, on peut la mettre à nu. Et crois-moi, le nu, ça me connaît…