_ Epuisée, je rentre de la séance photo plus tard que prévu. Il est déjà 21 heures et j’ai une faim de loup. Après avoir jeté mes sacs et mon manteau sur le canapé, je file à la cuisine pour réchauffer un plat cuisiné surgelé allégé. « Huit à neuf minutes au micro-onde pour le couscous de poulet aux cinq légumes. » Juste le temps de me démaquiller et d’enfiler mon jogging du soir !
Comme à mon habitude, je mange à la va-vite devant mon ordinateur. Après avoir consulté mes mails, je passe en revue les derniers clichés de la collection printemps été d’une boutique de vêtements à la mode dans le dixième arrondissement. Le photographe a su parfaitement adapter mon teint clair et mes cheveux blonds à la lumière du studio. Les coupes classiques et les tons beige et parme des tailleurs sont mis en valeur par ma silhouette fine. Il a obtenu l’effet escompté. Cependant, alors que je me pose la sempiternelle question : « qui est cette femme sur les photos ? », je ne peux retenir une larme.
Du haut de mes 1m78, je suis mannequin depuis l’âge de seize ans. Dès lors, cette taille qui me complexait étant jeune, est devenue mon meilleur atout. Mais aujourd’hui, c’est mon pire ennemi. Après le bac, mes parents exigèrent que je renonce à des études universitaires pour me consacrer uniquement à ma carrière de top-modèle. Ils s’étaient habitués au salaire conséquent que je recevais et pour mon père alcoolique, quelle aubaine ! Je cédais en pensant à mes deux petits frères, mais posais une condition : je m’installais dans mon propre appartement.
Sept ans déjà ! Sept ans que je me cherche dans le regard des autres et que ce que je vois me remplit de désespoir. Toujours le même scénario : on se retourne sur mon passage, on chuchote en me fixant, on m’aborde pour me draguer avec la même arrière-pensée, et les rares personnes qui ont envie de faire ma connaissance, me parlent comme à une demeurée ; ce que je suis nécessairement, avec un tel physique !
Moi, je suis obsédée par les mêmes questions qui reviennent sans cesse : « Si je suis aimé pour ma beauté, qu’adviendra-t-il le jour où je serai ridée ? N’est-ce pas aussi répréhensible que de choisir quelqu’un pour son argent ? Y a-t-il une part de vérité dans l’image qu’on me renvoie de moi-même ? Suis-je cette blonde forcément trop belle pour avoir été gratifiée aussi d’un cerveau ? »
Je me sens prisonnière de cette enveloppe qui me précède en toutes circonstances. Bon nombre de personnes voient ma photo avant même de me connaître, et la plupart ne me rencontreront même jamais. Ce paradoxe accentue encore le sentiment de solitude intense qui m’accompagne depuis trop longtemps. Tout en réfléchissant, je me mets à naviguer sur le net sans but précis. Je tape les mots « beauté, mannequin, puis influence de l’aspect physique », et c’est ainsi qu’un site attire soudain mon attention avec ces mots : « N’avez-vous jamais rêvé de laisser au vestiaire votre aspect physique ? »
Curieuse, je clique sur le lien www.cyranoweb.com et lit :
« Victime de votre image, avez-vous déjà fantasmé sur un monde sans préjugé ? Ne souhaiteriez-vous pas vous débarrasser de ce déguisement pour faire votre entrée dans la salle de bal léger comme une plume, et surtout vous-même ? Sans artifice ou handicap.
Si ces quelques lignes vous parlent, je vous propose de participer à un nouveau jeu vous permettant de découvrir votre je. Seriez-vous capables de vous montrer et de voir au-delà des apparences ?
Si oui, rejoignez la communauté. L'inscription est gratuite ! A très bientôt ! Signé Cyrano. »
Ces quelques lignes me laissent sans voix. C’est comme si elles avaient été écrites pour moi. Sans hésiter, je m’inscris sur ce site, sans savoir à quel point il allait changer ma vie…
Comme à mon habitude, je mange à la va-vite devant mon ordinateur. Après avoir consulté mes mails, je passe en revue les derniers clichés de la collection printemps été d’une boutique de vêtements à la mode dans le dixième arrondissement. Le photographe a su parfaitement adapter mon teint clair et mes cheveux blonds à la lumière du studio. Les coupes classiques et les tons beige et parme des tailleurs sont mis en valeur par ma silhouette fine. Il a obtenu l’effet escompté. Cependant, alors que je me pose la sempiternelle question : « qui est cette femme sur les photos ? », je ne peux retenir une larme.
Du haut de mes 1m78, je suis mannequin depuis l’âge de seize ans. Dès lors, cette taille qui me complexait étant jeune, est devenue mon meilleur atout. Mais aujourd’hui, c’est mon pire ennemi. Après le bac, mes parents exigèrent que je renonce à des études universitaires pour me consacrer uniquement à ma carrière de top-modèle. Ils s’étaient habitués au salaire conséquent que je recevais et pour mon père alcoolique, quelle aubaine ! Je cédais en pensant à mes deux petits frères, mais posais une condition : je m’installais dans mon propre appartement.
Sept ans déjà ! Sept ans que je me cherche dans le regard des autres et que ce que je vois me remplit de désespoir. Toujours le même scénario : on se retourne sur mon passage, on chuchote en me fixant, on m’aborde pour me draguer avec la même arrière-pensée, et les rares personnes qui ont envie de faire ma connaissance, me parlent comme à une demeurée ; ce que je suis nécessairement, avec un tel physique !
Moi, je suis obsédée par les mêmes questions qui reviennent sans cesse : « Si je suis aimé pour ma beauté, qu’adviendra-t-il le jour où je serai ridée ? N’est-ce pas aussi répréhensible que de choisir quelqu’un pour son argent ? Y a-t-il une part de vérité dans l’image qu’on me renvoie de moi-même ? Suis-je cette blonde forcément trop belle pour avoir été gratifiée aussi d’un cerveau ? »
Je me sens prisonnière de cette enveloppe qui me précède en toutes circonstances. Bon nombre de personnes voient ma photo avant même de me connaître, et la plupart ne me rencontreront même jamais. Ce paradoxe accentue encore le sentiment de solitude intense qui m’accompagne depuis trop longtemps. Tout en réfléchissant, je me mets à naviguer sur le net sans but précis. Je tape les mots « beauté, mannequin, puis influence de l’aspect physique », et c’est ainsi qu’un site attire soudain mon attention avec ces mots : « N’avez-vous jamais rêvé de laisser au vestiaire votre aspect physique ? »
Curieuse, je clique sur le lien www.cyranoweb.com et lit :
« Victime de votre image, avez-vous déjà fantasmé sur un monde sans préjugé ? Ne souhaiteriez-vous pas vous débarrasser de ce déguisement pour faire votre entrée dans la salle de bal léger comme une plume, et surtout vous-même ? Sans artifice ou handicap.
Si ces quelques lignes vous parlent, je vous propose de participer à un nouveau jeu vous permettant de découvrir votre je. Seriez-vous capables de vous montrer et de voir au-delà des apparences ?
Si oui, rejoignez la communauté. L'inscription est gratuite ! A très bientôt ! Signé Cyrano. »
Ces quelques lignes me laissent sans voix. C’est comme si elles avaient été écrites pour moi. Sans hésiter, je m’inscris sur ce site, sans savoir à quel point il allait changer ma vie…